Blog #11 : Les détails du clavier Exquis – RDV le 11 octobre!

Oui aux trois questions. :wink:
C’est une application iPad et iPhone qui est à la fois un contrôleur et un synthé (modélisation physique, l’équipe qui avait travaillé avec Yamaha dans les années 1990). Comme contrôleur, ça fait du MPE… sauf qu’on a pas vraiment la profondeur. Comme synthé, ça accepte tout contrôle MPE, donc bien utile avec l’Exquis. Y compris avec les sons SWAM.
Pas Android, non. En général, les appareils Android sont trop diversifiés pour éviter la latence, si importante en performance.

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Tiens, tiens…
Clavier optimisé?

https://www.kickstarter.com/projects/dualointuitiveinstru/exquis-the-smartest-way-to-create-expressive-music/posts/3723082?ref=ksr_email_backer_project_update_registered_users

Qu’en pense @Clarinette ?

Clarinette pense que Bruno l’harmonie est à la lutherie éléctronique ce que stradivari était à la lutherie violon. C’est lui le vrai génie de l’aventure dualo, même si ses compétences business sont… éthiques et éco-responsables… ce qui le place dans une situation pas simple dans un monde où la recherche du profit est reine.

Musicalement, il a un instinct particulièrement aiguisé, même si malheureusement, il n’a pas les mots pour expliquer ses choix.

A chaque fois que je me suis pris la tête avec Bruno parce que je ne comprenais pas ses choix… ben c’est lui qui avait raison… et moi j’ai mis des mois, et même parfois des années à le comprendre.

Je lui ai pris la tête un nombre incalculable de fois pour lui expliquer que la disposition dualo était tellement moins… que la dispo universelle. Et c’est grâce à toi Alexandre, et aux accordéonistes, que j’ai enfin vu la lumière. La dispo dualo, c’est ZE moyen de sortir du piano centrisme et de vraiment démocratiser la musique et la rendre accessible aux « moldus » de mon espèce!

Clarinette en pense aussi qu’elle a drôlement hâte qu’on se cale une visio toi et moi, parce que j’ai watt milliards de questions à te poser sur la musique en général et sur les pratiques musicales dans les parties du monde que je n’ai pas encore visité… comme l’Asie.

D’ailleurs, petite question vite fait: c’est quoi la plus grande division de l’octave à ta connaissance?

De ce que je peux lire sur wikipedia, dans leur écrasante majorité, les échelles musicales du monde entiers sont pentatoniques ou heptatoniques.

Mais la version anglaise de la page parle de division de l’octave jusqu’à 21 tempéraments. Est ce que ça monte plus haut?

Tu sais quelle proportion des humains utilisent des échelles à plus de 12 tempéraments?

Tu me proposes un rdv visio en mp?

@bruno.intuitive apparement c’était prédestiné…

@8:30 - The job of the C(lair) is to make the B(runo) sad… :wink:
C’est même pas ma faute, t’as vu, c’est la musique classique qui m’a obligé :stuck_out_tongue:

Aucune idée. Note bien que je suis pas spécialiste du catalogage des systèmes d’accord!

Et je pense pas qu’on peut facilement trouver la réponse parce qu’il n’y a pas grand-monde qui fait ce genre de boulot, depuis quelques décennies. C’est un peu comme répertorier le nombre de couleurs qui ont des noms spécifiques dans chaque langue du monde. C’était à la mode dans les années 1970… et on se rend compte que c’est bien plus compliqué que ça!

Une autre analogie, ça serait avec le nombre de phones dans chaque variété linguistique du monde. Ça demande pas mal de soin pour identifier des « paires minimales » et c’est le genre de boulot qui se faisait en linguistique descriptive de terrain, « à l’époque ». Même si le nombre de paramètres est assez limité (les « traits distinctifs »), c’est pas super évident de savoir si les gens distinguent ou non. Il y a des dialecte du français où c’est la même voyelle pour « brin brun », alors qu’elles sont très distinctes pour moi (et pour le locuteur dont on synthétisait la parole, au LAIP de l’UNIL). Même chose pour « été » et « était ». Et même pour « renne » et « reine » dans mon propre dialecte (alors que les gens de Québec et de l’est du Québec prononcent les deux mots de la même façon). Des fois, on a l’impression de prononcer différemment et les autres n’entendent aucune différence. Même une analyse acoustique ne révèle aucune distinction. C’est « dans notre tête ». (Me rappelle d’une discussion là-dessus pour l’anglais, quand je vivais chez les Hoosiers avec un Kiévien et un Cornouaillais. Par exemple “Dawn & Don” ou “Erin & Aaron”.) Comme la dialectologie est pas très à la mode, surtout dans des coins du monde qui sont peu étudiés de toutes façons, c’est pratiquement impossible de savoir s’il n’y a aucune communauté linguistique qui utilise plus de phones comme phonèmes distincts.

Cette partie semble assez réaliste. Chaque échelle compte cinq ou sept degrés. Les intervalles entre ces degrés changent beaucoup et chaque système d’accord comprend plusieurs échelles.

C’est un peu l’analogie de la palette de couleurs. (D’ailleurs, on parle de spectre et de fréquence dans les deux cas.) Tu peux avoir un système de classification des couleurs qui divise le spectre dans des tas de nuances différentes. Pour ta palette, tu choisis quelques couleurs distinctes et tu joues avec ça.

Comme le dit Aphex Twin, t’as 63,050,394,783,186,944 fréquences à ta disposition avec le super système MTS-ESP.
Toutefois…
Statistiquement, selon des vieilles recherches, l’être humain ne peut distinguer que 120 fréquences différentes dans le spectre complet (de 16Hz à 16kHz). (Principe de “Just Noticeable Difference”.) Donc, un système d’accord maximal sur dix octaves, ça serait autour de 12 notes. Puisque la courbe est inégale, on peut se concentrer sur quelques octaves et avoir des distinctions très fines dans le milieu du spectre. Même là, c’est pas facile pour tout le monde de distinguer plus d’une vingtaine de notes par octave (disons 24, en quarts de ton).

C’est pas des tempéraments, note bien.

Aussi, utile de penser les choses par l’intonation juste. Même s’il y a beaucoup d’accordages qui ne correspondent pas à l’intonation juste (y compris la gamme tempérée qui domine nos oreilles), l’intonation juste est pas mal répandue et elle a des conséquences importantes sur la façon de comprendre l’harmonie. C’est essentiellement l’accordage qu’on utilise dans un ensemble vocal ou dans un orchestre.

D’ailleurs, sur l’intonation juste, pour l’anecdote…
J’ai découvert ça pendant mes études de saxophone classique au Cégep (équivalent du gymnase). En quatuor, je jouais du sax ténor et, très souvent, je devais jouer la tierce d’un accord en point d’orgue. Assez rapidement, on m’a expliqué que je devais l’ajuster à la baisse dans le cas d’une tierce majeure et à la hausse dans le cas d’une tierce mineure. Le résultat était exquis. La richesse d’un accord complètement juste! Wow. Ça vibrait dans tout mon corps.
Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris le compromis du 12TET/12EDO.

En xen, un accordage assez populaire, c’est 31EDO (31 divisions égales de l’octave). Un avantage, c’est que ça inclut plusieurs intervalles qui s’approchent de l’intonation juste, contrairement au tempérament égal à 12 divisions de l’octave qui domine la musique électronique (12TET, aka « gamme tempérée », dont la plupart des intervalles sont faux). Le 31EDO, comme toute la xenharmonie, c’est un accordage « synthétique » en ce sens qu’il a été créé mathématiquement (ce qui est aussi le cas de la gamme tempérée). Évidemment, les gens se créent des systèmes avec des tonnes de divisions. Dans Bitwig Studio, on a la possibilité de diviser l’octave en 127 intervalles. Or, tel qu’énoncé plus haut, c’est à peu près le nombre d’intervalles qu’on peut distinguer pour l’ensemble du spectre, sur 10 octaves. Ce qui implique que la musique en 127EDO est une « ouïe de l’esprit ».

Des systèmes d’accord à une vingtaine d’intervalles, qu’on « trouve dans la nature », c’est un peu la façon occidentale de décrire les shrutis en musique classique indienne.

Il faut bien comprendre que, tout comme la « musique classique occidentale », la musique classique indienne est essentiellement en intonation juste.
Donc, cette idée de 22 notes, c’est basé sur un système d’accord à 22 intervalles justes.
(Pour en avoir une approximation avec un accordage égal, faudrait 53 intervalles, ce qui est très xen et pas très pratique. :wink: )

Mon prof de chant indien est pas d’accord avec la caractérisation des shrutis comme des notes et j’ai tendance à être d’accord avec lui. Au sujet des classifications, il y a tout un débat entre le sud de l’Inde (tradition « carnatique ») et le nord (nom colonial persan: « hindoustanie »). Mon prof vient du nord et a étudié des traditions du sud. Je crois comprendre qu’il y a des gens du sud qui interprètent les shrutis comme des notes différentes. En quelque part, c’est une façon étrange de décrire les choses. Et c’est clair qu’il n’y a pas de râga qui utilise les 22 shrutis). Chaque râga est une sélection de svaras qui « sonnent bien ensemble ». Des fois, t’accordes Ni en quinte juste (3/2) avec Ga alors que dans un autre râga, Ni est accordé en quarte juste (4/3) avec Ḿa (Tīvra Ma) et t’as pas de Ga.

Un truc assez utile à comprendre, c’est que les svaras sont des degrés et non des notes au sens « occidental ». L’échelle est mobile. Si t’accordes ton Sa (la tonique) comme un do (à 263Hz, disons), Ga est équivalent à un sol, Ni est équivalent à un si, Ma est équivalent à un fa et Ḿa est équivalent à fa♯. Si t’accordes Sa sur la (440Hz, par exemple), Ga est équivalent à mi, Ni est équivalent à sol♯, Ma est équivalent à ré et Ḿa est équivalent à ré♯. Chacun de ces intervalles est juste.

Et je suis vraiment pas spécialiste de musique classique indienne. J’ai pris quelques cours et j’ai des vagues souvenirs de présentations auxquelles j’avais assistées au début de mes études universitaires (il y a 30 ans).

Même chose pour les autres musiques classiques (japonaise, persane, chinoise, arabe, coréenne, etc.) qui sont liées entre elles par de très longs contacts.

« Tout ça pour dire que… »

Compter le nombre d’intervalles dans un système d’accord, ça peut être un peu compliqué et c’est pas si utile.

Merci Alexandre, j’ADORE cette idée!
OUI, « just noticeable difference », ça suffit amplement, le reste, perso je m’en fous.

J’adore que tu fasses des parallèles avec la lingustiques et les phones… et aussi avec les palettes de couleurs.

Quand j’explique la musique aux gens, j’utilise beaucoup la métaphore du peintre. Avant de commencer un tableau, la première chose que fait un peintre, c’est choisir quelques tubes dans sa boite de couleurs, ce qui va donner une atmosphère à son tableau.

Le musicien, qu’il en soit conscient… ou non, à l’instar du peintre, choisis des notes dans la gamme chromatique, ce qui va constituer sa palette musicale… qu’en musique on appelle un gamme (même si techniquement, c’est plutôt un mode).

Et « chromatique » poursuit l’analogie. Par contre, j’aimerais bien sortir de cette idée de 12 demi-tons comme boîte à couleurs.

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Moi je viens du monde des moldus…
Chez nous, on a jamais eu la prétention d’être des musiciens. Comme les braves genss du peuple, on se contentait de chanter… comme on respire!

Ca me fait beaucoup sourire (la plupart du temps tristement) depuis que j’ai compris ce qu’est vraiment la musique. Quelle tragédie et quelle souffrance que ces millions (milliards?) de gens qui s’auto-proclament « pas musicien » parce qu’ils n’ont pas fait les études piano centrées qui permettent de lire/écrire des partitions, ni jouer du piano ou du violon…

La beauté de la voix, pourtant, c’est qu’elle peut moduler toutes les fréquences et qu’on peut trouver « l’accordage juste », simplement en laissant vibrer ses cordes vocales et en se laissant guider par la résonnance dans notre corps, nos os.

Je comprends très bien ce que tu racontes dans ton expérience de sax au cegep (t’étais au cegep du vieux?)… parce que cette expérience là, je la ressens dans mon corps quand je chante EN HARMONIE avec les sons autour de moi. Et cet apprentissage du chanter juste, c’est beaucoup grâce à mes dualos que j’ai pu le faire.

Quand au comptage des intervalles en 12 demi-tons, c’est une source de confusion sans fin. A mon avis, c’est le plus gros obstacle à l’appropriation du savoir musical par les moldus… Les intervales sont comptés sur la base de la gamme chromatique, mais leur nom est dérivé de l’échelle heptatonique…

Si on voulait faire croire aux gens que la musique c’est compliqué… ben on s’y prendrait comme ça. Si j’étais complotiste, j’aurai tendance à crooire que c’est fait exprès, comme le jargonnage des francophones qui écrivent pour n’être compris que par l’élite qui maitrise le jargon…

En tout cas, merci MERCI, cette discu est totalement passionnante!

En fait, en musique occidentale, on pourrait laisser completement tomber la notion d’intervalle… au profit des « formes » d’accords

Et des formes, ben y en a que 3 pour les accords triades: majeur, mineur, diminué… auquelle s’ajoute la forme « dominante » pour les accords tetrades.

La beauté des claviers hex, c’est que justement les « formes » un peu « abstraites » et très difficiles à voir sur des partoches, deviennent visibles et reconnaissables par un môme de 5 ans… parce que justement, ça fait des jolis dessins…

Tu peux développer? C’est un peu flou pour moi la notion de tempéraments. Je comprends la réalité vibratoire sous-jacentes, est ce que ce serait plus juste de parler de fréquences?

C’est quoi exactement un tempérament en musique?

On retourne ici:

  • Tempérament se réfère à un accordage dans lequel plusieurs ou tous les intervalles sont accordés par altération d’intervalles justes (ou purs) : ces intervalles altérés sont dits « tempérés ».

Donc, c’est un type d’accordage qui effectue un compromis à partir de l’intonation juste. C’est un « ajustement » des intervalles pour les rendre plus facile à utiliser dans certains contextes (les modulations ou changements de tonalité ou mode). Un processus de normalisation pour rendre les choses plus facile sur un clavier. (D’où le « clavier bien tempéré » même si ce tempérament utilisé par Bach n’était pas le tempérament égal de douze notes.)

En revenant au début de cette aventure, je me rends enfin compte que, contrairement à d’autres contrôleurs MPE, les touches de l’Exquis ne bougent que sur deux axes: Z (pression) et Y (bas/haut, en orientation verticale). Donc, pas de mouvement dans l’axe des X (gauche/droite, en orientation verticale). Ce qui signifie que le vibrato devra s’effectuer en direction d’autres rangées de touches plutôt que vers d’autres colonnes de touches. Assez inhabituelle, comme ergonomie. Ça veut aussi dire qu’on ne peut pas assigner le «timbre» et le vibrato (de fréquence).
On connaît les raisons derrière cette décision? Probablement bien légitime, ceci dit. Simplement, c’est un peu inattendu et je ne me souviens pas de discussion à ce sujet lors de la campagne de sociofinancement.

En effet c’est curieux.
Pourtant dans Surge on peut assigner en X et Y et ça aurait été plus naturel de pouvoir tout faire à partir de chaque touche.
Peut-être que l’axe X n’est géré que par le touchpad au bas du contrôleur ?

Possible. Dans ce cas, il serait «global», s’appliquant à toutes les notes de la même. Ce qui sort des attentes du MPE qui permet de moduler plusieurs dimensions de chaque note. Typiquement, vibrato (axe des X comme le pitchbend), timbre/filtre (axe des Y) et intensité (axe des Z, pression).
Certaines démos de l’Exquis donnent à entendre du vibrato par note mais en remplaçant l’axe des Y.
Perso, ça ne risque pas de me poser un problème énorme. L’ergonomie sera de toutes façons étrange, avec ce fameux «clavier» Dualo. Simplement, je ne devine pas les raisons de ce choix et prévoit des déceptions de la part d’autres adeptes du MPE.

Question très intéressante cet axe x inutilisé ? Je suis très curieux aussi d’en lire la confirmation et la raison @Serguei @bruno.intuitive svp :slightly_smiling_face:?

Depuis le début, nous avons travaillé sur 2 axes, notamment pour éviter les soucis d’interdépendance et faciliter un jeu plus débutant.

Le choix d’un geste vertical s’est révélé plus pratique car le jeu est essentiellement vertical et à deux mains (comme le dualo) avec les mains proches et les coudes écartés (angle des bras entre 45° et 90°), là où un piano sera vraiment horizontal (bras et doigts relativement parallèles). Comme les mains sont presque l’une en face de l’autre, le geste des doigts le plus facilement contrôlable dans cette position (qui serait horizontal sur un piano), est ainsi en diagonale verticale, (la mesure verticale permettant de mesurer aussi bien dans une diagonale que dans l’autre).
De plus les hexagones sont un peu plus hauts que larges, et profitent donc à une zone de toucher un peu plus grande.

Le slider aura une utilité rythmique avant tout (beatrepeat/arpeggiator), mais il pourra être utilisé pour d’autres choses comme une molette de pitch ou autre, mais qui serait en effet « global »

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